La Marmite Norvégienne
Mode d'emploi et explications
Introduction
La Marmite
Norvégienne (MN)
désigne communément une caisse isolée avec des matériaux mauvais
conducteurs de la chaleur (liège, laine, feutre, foin,
couverture...) dans laquelle un plat dont la cuisson a
été
commencée sur le feu va continuer de cuire.
L'énergie la moins
chère et la plus propre étant celle qu'on ne
consomme pas, la
Marmite Norvégienne mérite d'être
connue comme un auxiliaire de
cuisine qui, utilisé régulièrement,
permet d'économiser au moins
50%, si ce n'est davantage, de l'énergie
consacrée à la cuisson
des plats.
Voici une version actualisée et
revisitée de
la fiche précédente (2004) qui était
un
copié/collé d'un pdf
des Amis de la Terre que vous pouvez retrouver
ici.
Une
marmite qui n'en est pas une et pourquoi
norvégienne ?
Une Marmite Norvégienne du début du XXe siècle
(image: ©Kay Wernert)
Historiquement,
la conservation de la chaleur et l'économie du combustible
ont
toujours été une préoccupation majeure
lors des périodes de
pénuries ou de conflits. De nos jours encore, on peut
rencontrer des
gens qui se souviennent que leur grand-mère glissait la
cocotte
contenant la soupe sous l'édredon où elle
finissait de cuire... La
Marmite Norvégienne n'est qu'un perfectionnement de ce
procédé
rudimentaire.
Les
premières « cuisines automatiques
norvégiennes »,
qui ressemblent tout à fait à celles actuelles,
sont apparues
autour de 1870. Le détenteur du brevet se serait
inspiré des
fermières norvégiennes qui préparaient
leur repas le matin avant
d'aller aux champs et gardaient le récipient au chaud en
l'entourant
de foin. Il y avait déjà eu des inventions
françaises sous
d'autres noms bien avant, mais elles n'avaient pas eu de
succès :
finalement, c'est « marmite
norvégienne », qui ne veut
pas dire grand chose, qui est resté !
Dans
d'autres langues, on l'appelle plus justement
« caisse à
cuire » (Kochkiste
en allemand), ou
« caisse à foin »
(Heukiste
en allemand ou haybox
en anglais), le foin étant
effectivement un très
bon isolant.
Après avoir rendu de bons et
loyaux services lors des deux dernières guerres mondiales,
une fois
l'abondance et la facilité revenues en cuisine, la MN a
été vite
oubliée. Dans l'esprit de nombreuses personnes, elle est
d'ailleurs
restée associée à ces
périodes de privations. De nos jours, elle
en est encore connotée plutôt
négativement. Heureusement, elle a
retrouvé une nouvelle jeunesse dans l'engouement de
nombreuses ONG
qui ont bien compris les avantages de cette forme de cuisson sans feu
ou presque : elles s'emploient à
développer son utilisation
auprès des plus démunis. Pas besoin d'un
équipement sophistiqué :
de simples paniers, dits
«
paniers-thermos »
peuvent suffire.
"Panier-thermos"
©Kay Wernert
En
2004, les Amis de la Terre ont lancé l'
objectif
«Négawatts» :
réduire de 50% la consommation
énergétique familiale. Cette
campagne a remis à l'honneur la Marmite
Norvégienne qui, en
économisant une partie de l'énergie
consacrée à la cuisson des
aliments, permet aussi de soulager notre planète des
émissions de
CO2 qui la surchauffent. Leur action et leur documentation ont
contribué
à mieux faire connaître la MN qui est apparue, non
plus comme un
rappel des temps de pénuries ou de guerre, mais comme un
moyen de
réduire son impact environnemental... Et par voie de
conséquence, de faire des économies dans le
budget familial.
Principe de la cuisson sans feu
La Marmite
Norvégienne tire parti des trois modes de transmission de la
chaleur :
- la conduction
(par contact) grâce à l'isolation des parois
(liège, polystyrène*,
lainages...)
- la convection
(par brassage de l'air) grâce à la suppression des
espaces vides
dans la caisse, le carton ou le panier.
- Le rayonnement,
grâce à un réflecteur
d'infra-rouges qui renvoie la chaleur
radiante vers le plat de cuisson : on tapisse les parois de
papier-aluminium par exemple (mais ça n'est pas
indispensable, pour
des séjours d'une heure ou deux en MN, on peut s'en passer).
Si l'on évite
ces causes de déperdition de chaleur, la
température ne va
décroître que très lentement,
permettant au plat de terminer sa
cuisson sans feu. Selon les plats, on peut économiser au
moins 50% de l'énergie, voire davantage.
* Le polystyrène n'est pas écologiquement
correct mais son
utilisation permet de le recycler et il faut reconnaître que
c'est
un isolant très performant. Bien sûr, il faut
éviter de le laisser
en contact direct avec votre récipient bouillant.
La
Marmite Norvégienne la plus simple :
Enveloppez
soigneusement votre cocotte bouillante dans une doudoune ou une
couette : voir
ici
ou
là...
Les
couturier(e)s pourront se confectionner une jolie
« magic box »
ou MN « couture ». Si vous voulez
vous lancer, le patron
est
ici.
Dans ce panier
à linge, posée sur un dessous de plat en
liège ou en bois, bien enveloppée dans des lainages + une couette,une cocotte continue douillettement sa
cuisson.
(Image : ©Kay
Wernert)
Le
pdf des Amis de la Terre,
avec son objectif «Négawatts», a
largement contribué à (re)faire
connaître la MN sur le net auprès
du grand public, mais beaucoup ont pu être
découragés par l'idée
qu'il serait indispensable d'avoir une super caisse
fabriquée sur
mesure, sur roulettes et tout, pour pouvoir se servir de la Marmite
Norvégienne au quotidien... C'est sûr que c'est
génial de pouvoir
disposer d'une caisse belle et efficace, parfois certaines sont
même
adaptées aux compartiments de la cuisine, mais que
cela ne vous empêche pas de tester d'abord le principe de la
MN :
- Essayez dans un 1er temps de stopper la cuisson de votre plat un peu
avant de passer à table : avec un couvercle bien
fermé, ça
sera cuit à point et vous aurez déjà
économisé un peu d'énergie
et acquis un bon réflexe.
- Faute de caisse rutilante, vous pouvez déjà
emmitoufler votre
cocotte dans un gros pull, hors du feu bien sûr et avec
toutes les
précautions d'usage. Si vous placez le tout dans un carton
fermé,
la chaleur se gardera encore mieux. Mine de rien, vous vous serez
acheminés vers la Marmite Norvégienne sans avoir
beaucoup investi !
Pour
les bricoleurs...
Vous
trouverez facilement des plans de caisses auto-construites sur
le net, dans les livres et revues où il est question de
Marmite
Norvégienne.
Quelques réalisations : par
ici, ou
là (plein
d'autres exemples ici
et ce n'est qu'un échantillon !)
Attention,
comme vous pouvez le constater, c'est assez volumineux, donc
encombrant... Ne vous lancez pas dans de telles constructions,
même
si cela peut être un plaisir pour certains, sans avoir
adopté cette
forme de cuisson au quotidien. Ce serait dommage que cette caisse
soit reléguée au garage voire au rebut, faute
d'usage...
Mais
quand on est convaincu et qu'on a adopté la MN, on peut
facilement
lui trouver un emplacement dans la cuisine ou a proximité.
Certains
l'utilisent aussi comme table basse ou siège d'appoint
(comme
ici).
Le
récipient idéal
C'est pour
moi une
cocotte-minute (pas besoin de la faire spécialement monter
en
pression, mais elle a l'avantage de très bien fermer), une
cocotte
en fonte ou en inox de préférence
épais pour que la chaleur soit
mieux conservée. Indispensable, un couvercle solide et
sûr :
il gardera la chaleur, sans compter qu'il peut être dangereux
de
renverser du liquide bouillant.
Précautions
d'usage
Ne mettez
pas votre récipient bouillant en contact direct avec le
polystyrène,
ou le plastique si la caisse est une glacière ;
posez-le sur un dessous de plat, en liège ou en bois.
Veillez à ce qu'il soit
bien stabilisé. Faites attention à ne pas vous
brûler en plaçant le récipient
dans la MN ou en le sortant. Aérez et
lavez régulièrement les tissus, lainages ou
autres dans lesquels vous emmitouflez votre récipient.
Et pensez à laisser le
caisson ouvert quelque temps après chaque utilisation pour
éliminer
l'humidité.
L'essayer c'est l'adopter !
La MN est
idéale
pour les plats longs à cuire :
légumineuses, certaines
céréales, plats mijotés, etc.
Par contre, elle
ne permet pas de cuisiner des plats qui se cuisent habituellement au
four : gratins, tartes... Sont également exclues
les crèmes,
sauces qu'il faut remuer sans cesse, laisser réduire, etc.
Ce tableau, issu
du pdf
des Amis de la Terre, est imprécis mais il donne
une idée
des possibilités de
la MN. Les légumes coupés finement cuiront
toujours mieux
qu'entiers, il est préférable de bien remplir le
récipient, le
liquide en excès pourra faire un excellent bouillon... Je ne
conseille pas de cuire du bœuf bourguignon comme
indiqué, c'est
louable de vouloir économiser de l'énergie, mais
il ne faut pas
oublier l'aspect gastronomique : avec une trentaine de minutes
d'ébullition vous aurez un plat de qualité et
vous aurez toujours
gagné au moins 50% par rapport aux temps
généralement préconisés
pour ce type de recette.
Mode d'emploi
Les
Amis de la Terre conseillent de « stopper
la
cuisson après environ un quart du temps habituel, puis de
placer la
casserole (ou cocotte) dans le caisson isolant et de la laisser le
double du temps normalement nécessaire pour achever la
cuisson.
Par exemple, si
la cuisson normale
est de 20 minutes, avec la marmite norvégienne, cuisez
pendant 5
minutes (20 minutes divisées par 4) et laissez dans le
caisson
pendant 30 minutes (15 minutes multipliées par
2). »
Cette
règle ne précise cependant pas que le plat doit
être porté à ébullition
et que cela peut prendre... un certain temps, surtout que selon les
recettes il faut faire revenir les ingrédients etc.
À retenir : toujours porter
le plat à ébullition
Toujours mettre un couvercle. Une fois l'ébullition
atteinte, vous
pouvez baisser le feu. Selon les aliments, le temps
d'ébullition
sera plus ou moins long : cela peut être une minute
pour des
légumes coupés finement, 5-10 minutes s'ils sont
entiers, et
jusqu'à 30 minutes pour certains plats
(légumineuses, certaines
viandes...). Tout cela est à tester car certains vont
préférer des
mets plus ou moins fondants, voire carrément al
dente, ou
bien très
cuits. Le récipient entre
aussi en jeu, il y en a qui gardent mieux la chaleur que d'autres...
Au pire, vous pourrez toujours recuire ou, selon le résultat
obtenu,
revoir ensuite les temps d'ébullition à la
baisse, mais vous ne
risquez rien à essayer !
Ah
si, quand même : veillez à ne pas laisser
votre plat trop
longtemps dans la MN. On sait que les bactéries se
développent
préférentiellement à une
température comprise entre 63°C. et 10°
C. Si vous êtes méfiants quant au
développement des bactéries
éventuelles, le mieux est de ne pas laisser le plat plus de
2 heures
en MN et de le reporter à ébullition à
la sortie.
Vous trouverez plein de
conseils, recettes et astuces
culinaires ici
« Inconvénients » :
Il faut prévoir de
préparer son plat au moins 2 heures à l'avance.
Avantages :
- Pendant
que le plat cuit tout seul, on peut faire autre chose, sortir...
- Pas
de risque d'évaporation, d'accrochage, de cuisson
oubliée sur le
feu etc. Et au retour le repas est déjà
prêt.
- L'été,
la cuisine ne sera pas surchauffée par de longues cuissons.
- La
MN permet également de garder quelque chose au chaud pour
ceux qui
prennent leur repas en décalage : refaites bouillir
le plat
avant de le remettre en M.N et assurez-vous qu'il soit très
chaud à
la sortie.
- À l'inverse, on peut s'en servir de glacière (si la caisse s'y
prête).
- À l'usage, la MN permet des économies de gaz ou
d'électricité dont
les prix ne sont pas prévus à la baisse.
- Même
si c'est peu, c'est déjà une bonne chose pour
l'environnement.
- Il
y a moyen de réduire les temps de cuisson en
découpant plus
finement les aliments et en faisant tremper les
céréales ou
légumineuses la veille. On peut aussi juste porter le plat
à
ébullition, puis au bout d'une heure le sortir de la M.N et
recommencer l'opération une fois ou deux. De nombreuses
possibilités de la MN restent à explorer, bonnes
expériences à
vous !
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